Test Mundaun, l’horreur en gris !
Annoncé de longue date, Mundaun m’avait séduit par son aspect graphique original et particulier : des décors entièrement dessinés à la main puis texturés en 3D et tout en nuance de gris. Le jeu prend également un parti scénaristique fort en proposant de s’inspirer du folklore, d’en reprendre le décor en situant l’action dans les Alpes suisses jusqu’à reprendre le patois local pour les voix qui est une sorte de mélange d’italien et d’allemand : totalement dépaysant ! Développé par Hidden Field, Mundaun se veut être un jeu d’horreur, il est temps de vérifier si le voyage en montagne suisse a de quoi nous faire trembler. De prime abord je vous dirai oui mais pas forcément pour les bonnes raisons…
Une descente aux enfers
On incarne Curdin qui reçoit une lettre du prêtre de la ville, ou plutôt de la bourgade voir même du hameau de Mundaun lui annonçant le décès de son grand père duquel il semblait très proche (ambiance…). Le prêtre lui dit qu’il est inutile que Curdin se déplace et bien sûr que fait Curdin ? Il va à Mundaun ce con ! Arrivé sur les lieux, Curdin va commencer à présenter des hallucinations mettant en scène un viel homme bizarre mais surtout va s’apercevoir que la tombe de son père est vide et que des choses pas très nettes rodent la nuit et par temps de brouillard (qui est souvent présent en altitude). Curdin décide donc de mener l’enquête et va alors subir une véritable descente aux enfers ! Très vite on va partir du côté du surnaturel mais la peur en moins… Si l’amorce, à savoir le thème du floklore alpin, est intéressante, très vite on comprend le sens du scénario et on voit où Hidden Field veut nous mener… On ne va donc pas sursauter ou s’étonner d’un fait ou d’une révélation et une lassitude peut apparaître en suivant l’histoire. Surtout que j’ai trouvé le déroulé du jeu assez lent dans l’ensemble. En fait le jeu est mou dans son ensemble, on n’a pas de moment de rush excepté sur la toute dernière heure de jeu. J’ai plus eu l’impression d’être en mode randonnée pédestre plutôt que de devoir survivre à des évènements surnaturels…
Mais Mundaun veut avant tout miser sur son ambiance qui doit être pesante voir même dérangeante pour le joueur. Alors pour moi, ça a fait « flop » … Pourquoi ? Tout simplement à cause de la réalisation graphique du jeu qui est beaucoup trop datée pour moi. Le concept de réaliser le jeu tout en nuance de gris est intéressant, tout comme de prendre comme base des dessins à la main pour ensuite les modéliser. Le problème est que la modélisation est vraiment ratée selon moi. Entre les textures baveuses et les polygones mal ajustés, j’étais plus préoccupé par la qualité graphique du jeu que par « l’action » du jeu en elle-même. Pourtant je suis un fan de rétro et de jeu indé et je ne suis donc pas forcément regardant sur la qualité graphique du jeu pourvu qu’elle soit assumée. Alors là, je ne pense pas qu’Hidden Field ait voulu une modélisation avec un aussi mauvais rendu vu le temps passé sur les dessins de base ! Mais la réalisation graphique ne s’arrête pas là. On a également droit à des bugs d’affichages ou encore de collision avec des ennemis qui restent bloqués dans le décor ce qui nous facilite la tâche bien que ce ne soit pas nécessaire… L’ensemble laisse donc clairement à désirer et je suis désolé mais personnellement la réalisation a gâché mon plaisir et m’a réellement empêché de m’immerger dans le jeu…
Simple mais laborieux !
Mundaun est simple dans son concept, il va falloir progresser en résolvant des énigmes, en ramassant des objets que l’on pourra combiner pour les utiliser plus tard dans l’aventure. Pour pimenter notre exploration on a des ennemis qui sont censés nous faire peur ou du moins faire monter la tension d’un cran. Le bestiaire n’est pas bien varié et se compose majoritairement d’hommes de pailles totalement risibles et de soldats. Le problème c’est qu’il n’y a rien de stressant avec ces ennemis une fois passées les 30 premières minutes de jeu une fois que l’on a compris « le truc ». Le jeu se base sur un système de peur qui noirci votre écran lorsque vous êtes à proximité d’un ennemi, ce qui ralentit également votre personnage dans ses déplacements. Si pour les premières rencontres et s’échine à jouer la carte infiltration, on comprend rapidement que les ennemis ont le bulbe atrophié et qu’il suffit de courir sans s’arrêter pour ne rien craindre… Le jeu est encore plus facile une fois que vous avez des armes : fourches et encore mieux fusils ! Le jeu devient alors d’une simplicité déconcertante et tout sentiment de peur disparaît…
Il reste la partie exploration et résolution d’énigmes. Là encore rien de bien compliqué et toutes sont parfaitement logiques, il suffit de bien explorer tous les lieux dans les moindres recoins pour ne pas laisser passer un indice ou un objet utile bien plus tard dans l’aventure. Il faut donc tout fouiller et le problème c’est que votre personnage ne se déplace pas avec grâce et rapidité et que la maniabilité est un tantinet rigide… C’est assez pénible dans les déplacements, à chaque fois qu’une boite de dialogues ou descriptive s’ouvre, il faut la refermer manuellement sous peine de ne plus pouvoir sprinter. Le système de carte et de journal n’est également pas optimisé dans la navigation avec l’obligation de naviguer entre les pages sans tomber sur la page correspondant à la mission en cours. Mais déplacer le personnage à pied est un délice comparé à la conduite du véhicule ! Car oui on peut se déplacer en Muvel, sorte de camion agricole. La maniabilité est horrible avec un champ de vision que l’on a de cesse de réajuster et une direction vraiment imprécise !
Cette lourdeur dans les déplacements nuit à l’expérience de jeu. C’est dommage car pour le reste le jeu est bien fichu avec des zones délimitées et bien cartographiées si l’on prend la peine de trouver les bancs qui permettent de mettre à jour notre carte à la manière des tours dans la licence AC. On a des sortes de refuges qui nous permettent de nous reposer et de trouver des manuels améliorant de manière définitive nos stats qui sont santé, agilité et utilisation des armes. De plus le jeu propose pas mal d’objectifs facultatifs si l’on veut terminer le jeu à 100%. Rien de dingue car tous reposent sur la recherche d’objets à trouver et à combiner pour ensuite les utiliser comme allumer la pipe du grand père ou se faire un café (très utile car cela augmente votre agilité). Comme le jeu n’est pas difficile, il se finit relativement vite, comptez 5 heures en ligne droite. Mais vers le dernier tiers du jeu, il y a des choix à faire et ces choix modifient le cheminement du jeu et la fin. Il faut donc le refaire si vous voulez tout compléter mais pour ça il faut du courage pour passer outre la maniabilité.
Conclusion
Mundaun part d’une idée originale sur le fond et la forme. Malheureusement le jeu est desservi par une réalisation qui, pour moi, est bien trop datée que ce soit en termes de graphismes, d’animations voir même sonore ! Si le jeu se veut être dans le genre horreur, il fait chou blanc en raison de l’IA qui manque cruellement… d’intelligence ! Le personnage se déplace avec lourdeur à pied et imprécision en véhicule ce qui est pénible pour un jeu qui veut nous faire marcher et explorer de fond en comble tous les lieux que l’on visite… Heureusement que les énigmes rattrapent un peu l’ensemble même si le jeu est relativement court avec seulement 5 heures pour en voir la fin. Si vous pouvez passer outre une réalisation très datée vous pouvez tenter l’expérience mais c’est à vos risques et périls…
- Date de sortie : 16 mars 2021
- Editeur : MWM Interactive
- Développeur : Hidden Fields
- Catégorie : Action / Aventure
- Prix : 16,99 €
- Classification : PEGI 7