[Test] The Alters – Moi et mes autres moi tentent de survivre

Aujourd’hui sort un nouvel OVNI venu de Pologne. Le studio11 bit studios, les fous (ou génies pour ma part !) derrière This War of Mine et Frostpunk entre autre, sont de retour avec un jeu de survie narratif qui ne fait rien comme les autres nommé The Alters. Pas de royaume en ruines à reconstruire ici, pas de citoyens à geler au nom du progrès. Cette fois, The Alters nous enferme dans une roue avec des versions de nous mêmes ! Mais, ce nouvel OVNI mélangeant Survie/Simulation et Relation tient-il toutes ses promesses ? Nous allons le voir avec ce test !
Une roue, un homme, et trop de versions de lui-même
The Alters nous enferme dans une roue. Une vraie. Comme un hamster dans sa cage, mais ici elle nous sert de base mobile circulaire, écrasée sur une planète radioactive, pilotée par un seul homme : Jan Dolski. Seul rescapé d’une mission complètement foirée, Jan n’a qu’une chose pour survivre : le Rapidium, une substance qui lui permet de créer … des copies alternatives de lui-même. Nommé, Alters, des « lui » qui ont pris d’autres décisions, vécu une autre vie à certains moments clés et ont connus leurs propres douleurs mais aussi heureux évènements.

On peut citer entre autre, un Jan qui a poursuivi ses études, un Jan qui a fondé une famille, un Jan qui a bossé à la mine. Et chacun a sa vision du monde, ses compétences, ses regrets, ses peurs. Limite on aurait pu faire des épisodes de Bref ! Et là où beaucoup auraient fait un simple gimmick de gameplay, The Alters s’en sert pour nous forcer à vivre avec nos choix… même ceux qu’on n’a jamais faits.
Et c’est là que The Alters brille : chaque double est bien plus qu’un outil. C’est une confrontation constante entre ce qu’on est, ce qu’on aurait pu être, et ce qu’on regrette. Un dispositif à la fois de gameplay, de narration, et de réflexion. Dans un autre jeu, ça aurait pu n’être qu’un gadget ; ici, c’est le cœur du système.
Une vraie thérapie de groupe !
Le vrai cœur du jeu, ce n’est pas la gestion de ressources même si il y en a une. Ici, ce sont les dialogues. Les tensions. Les scènes de repas entre Alters où ça parle d’échecs amoureux, d’alcoolisme, de renoncements. Ces moments où tu sens que, derrière le gameplay, il y a un studio qui veut dire quelque chose. C’est rare, et ça me parle. Parce que The Alters, c’est pas juste « construire un module pour générer de l’oxygène », c’est se demander qui construit ce module, pourquoi il le fait, et qu’est-ce qu’il espère prouver en le faisant. C’est aussi une mécanique infernale d’auto-évaluation constante : ai-je choisi les bons clones ? Suis-je un meilleur Jan que ce Jan-là ? Ce foutu mineur dépressif qui me regarde de travers, est-ce qu’il me hait ou est-ce qu’il se hait lui-même ?



En fait, 11 bit nous tend un miroir fractal. Chaque alter est une facette de nous-mêmes, qui rappelle que rien n’est jamais simple, ni dans nos décisions, ni dans les conséquences. Et si tu t’attendais à une progression lisse, détrompe-toi : les Alters ont des personnalités, des humeurs, des conflits internes. Certains peuvent péter les plombs, d’autres refuser de bosser, d’autres encore tenter de saboter la base. Ce n’est pas de la gestion façon Sims. C’est du drame humain microdosé au Rapidium. Et oui, parfois, tu vas galérer à les faire cohabiter.
Une boucle de survie bien huilée, mais pas sans grincements
Alors oui, soyons honnêtes : passé l’émerveillement initial, The Alters commence à tourner un peu en rond (désolé pour le jeu de mots, elle est trop facile). La base avance lentement sur les rails d’un soleil en furie, et ta routine va vite s’installer : extraire, construire, réparer, maintenir les systèmes, cloner, calmer les crises, redémarrer la boucle.
C’est maîtrisé, clair, intuitif même — l’interface de gestion est lisible, les animations fluides, et les modules s’emboîtent comme du LEGO existentiel. Mais au bout d’un moment, tu sens que le jeu ne se renouvelle pas autant qu’il le pourrait. Trois grands chapitres composent la progression, chacun sur une portion différente de la planète, avec de nouveaux challenges… mais rien qui renverse vraiment la donne. Le rythme, surtout en milieu de partie, se tasse. On ne retrouve pas la montée en tension d’un Frostpunk ni la détresse constante de This War of Mine. On reste dans un entre-deux confortable : assez tendu pour garder l’attention, mais pas assez viscéral pour créer un vrai stress.


Et si tu es un joueur de survie chevronné, tu risques même de t’ennuyer un peu, la boucle est solide, mais elle manque d’événements imprévisibles, de chaos organisé. Ce qui sauve tout, c’est encore et toujours les Alters, leur écriture, et les dilemmes qu’ils amènent. Mais côté gameplay pur, on est plus proche d’un This War of Mine narratif que d’un Frostpunk stratégique car même la phase de survie ne peut rattraper le coup ! C’est linéaire, on va juste chercher à un endroit les ressources dont on a besoin, on se fait notre petit réseaux d’approvisionnement et on repart.
Le petit plus, c’est de devoir trouver les bons mots à nos Alters pour nous aider et cela sera parfois compliqué car il y en a ils seront la surtout pour vous mettre des bâtons dans les roues … (Et Oui encore un jeu de mot avec roue !!! Je deviens fort à ce jeu non ?).Un mot aussi sur les performances. Sur Playstation 5, quelques baisses de framerate et bugs d’affichage viennent ternir l’expérience. Rien de catastrophique, mais dans un jeu basé sur l’immersion, c’est notable.

Pas parfait, mais précieux
Comme pour Indika, The Alters n’est pas un jeu pour tout le monde. Il faut accepter son rythme lent, son gameplay parfois frustrant, ses détours narratifs. Mais à l’image du studio, il propose une vision. Une expérience qui tente des choses. Qui parle de sujets adultes sans ironie, sans cinématiques spectaculaires, juste avec des mots, des regards, des silences lourds de sens. À titre personnel, je préfère cent fois ce genre de tentatives imparfaites à un open world déjà-vu. The Alters est un miroir. Déformant, mais sincère. Il vous montre des versions de vous-même que vous auriez préféré ignorer. Et rien que pour ça, il mérite qu’on s’y attarde.
The Alters est imparfait, parfois trop bavard, parfois un peu lent. Mais il tente quelque chose. Quelque chose de fort. Quelque chose de rare. Il mérite qu’on s’y plonge. Et qu’on accepte, le temps d’un jeu, de discuter avec soi-même. Même si on n’aime pas ce qu’on entend. Surtout que le titre est disponible dans le Game Pass ! Alors, jetez y un œil !
points positives
- Un concept unique et fort
- Des personnages écrits avec une vraie profondeur
- Une direction artistique sobre et efficace
- Des dialogues marquants, souvent poignants
points négatifs
- Une certaine répétitivité dans la boucle de gameplay
- Un manque de variété dans les imprévus et événements
- Quelques soucis techniques