[Test] Ghost of Yōtei : vengeance et beauté glacée au Japon

Ghost of Yōtei était l’un des jeux les plus attendu de cette année. Après un Ghost of Tsushima qui a tout exploser, le studio Sucker Punch Production avait une sacrée pression sur les épaules pour nous offrir un suite digne des aventure de Jin Sakai. Exclu temporaire sur Playstation 5, nous avons pu nous aventurer sur l’île de Yotei depuis le 2 octobre. Et autant être franc le contrat est largement rempli.
Atsu raconte : l’histoire de Ghost of Yōtei
Je m’appelle Atsu. C’est moi, dans le souffle glacé du matin, qui vous conte cette histoire — non pas comme une chronique distante, mais comme un murmure du sang, des fantômes et de la vengeance.
Nous sommes en l’an 1603, dans les terres sauvages de l’Ezo, au cœur de l’île de Hokkaidō. Le Mont Yōtei se dresse, imposant et silencieux, gardien solitaire de cette terre âpre. Pour les Ainu, on l’appelle « la montagne femelle » — et pour moi, elle est le témoin silencieux de mon enfance fracassée.
Quand j’étais encore jeune, les jours où j’ignorais que la vengeance me guettait, mes rêves étaient peuplés de rires, de chants, de forêts, de neige et de soleil sur les lacs. Puis les Yōtei Six sont arrivés — six guerriers d’une cruauté froide, qui ont décimé ma famille, qui m’ont laissé pour morte. J’ai vu leur silhouette disparaître dans la fumée tandis que mes proches s’éteignaient. Depuis ce jour, je n’ai plus connu la paix.
Pendant seize années, je me suis réveillée chaque matin avec un seul but en tête : les traquer, les éliminer. Je suis devenue renégate, mercenaire paysanne, spectre du nord — une Onryō, une vengeance incarnée, selon les légendes.
Mais je ne suis pas seule dans cette quête. Le monde autour de Yōtei est souvent secoué par des conflits de clans, des bandes de hors-la-loi, des seigneurs ambitions, et même des chasseurs de primes. L’autorité du shogunat peine à s’étendre jusqu’ici. La frontière entre justice et vengeance y est floue. Mon chemin m’amène à croiser des alliés improbables — un vieux sensei exilé, des villageois opprimés, un compagnon loup fidèle — chacun avec ses secrets, ses espoirs, ses regrets.

Une narration excellente
La structure narrative de Ghost of Yōtei n’est pas linéaire : je peux choisir l’ordre dans lequel j’affronte les membres des Yōtei Six. Chaque confrontation est une pièce du puzzle, révélant une trame plus vaste : le destin du Mont Yōtei, la corruption rampante, les tensions entre peuplades locales et colons extérieurs.
Ce qui me différencie de Jin Sakai, l’ancien héros de Tsushima, c’est que je ne combats pas pour un honneur perdu ou une patrie menacée. Je combats pour moi. Pour que ma mémoire ne s’efface pas. Pour que le sang versé soit compté. Mais dans cette quête, je découvre que la vengeance n’est pas un chemin droit : elle m’entraîne vers des choix moraux, des alliances inattendues, des vérités douloureuses.
Quand je me tiens au sommet du Mont Yōtei au crépuscule, le vent mordant effleure mon masque spectral. Je devine les ombres de mes ennemis à travers les vallées. Le mont lui-même me paraît murmurer : « Celui qui cherche la vengeance doit aussi apprendre à pardonner — ou à brûler. »
Cette narration par l’actrice principale — Erika Ishii prête sa voix à Atsu selon certaines sources — donne une profondeur à la quête : on ne suit pas un héros parfait, mais une âme blessée.

Gameplay : équilibre, défis et sensation de Ghost of Yōtei
Quand je dis que Ghost of Yōtei est « bien dosé », je n’exagère pas : c’est un ballet dangereux entre la précision du sabre, l’ombre du ninja, la tension de l’arc et la brutalité de l’arme à feu.
Combat et système central
Le cœur du jeu repose sur un système de combat mêlant mêlée, infiltration, et arme à distance. Le katana reste mon compagnon principal : j’esquive, je parade, j’enchaîne coups faibles et frappes puissantes. Le timing est crucial, comme dans un jeu d’escrime raffinée.
Mais Yōtei ne simplifie pas tout : l’overload cognitif (la complexité de tous les systèmes, capacités, boutons) est une préoccupation des développeurs. Ils ont reconnu que débloquer plusieurs armes et systèmes peut devenir écrasant, mais pour compenser, les mécaniques sont introduites progressivement, avec des “voies de soulagement” — des moments de respiration dans l’intensité.
Le studio a déclaré que lorsqu’ils ont essayé de rendre le jeu plus “facile” dès le départ, les testeurs se lassaient davantage. C’est pourquoi le mode “standard” est calibré pour offrir un challenge gratifiant, et plusieurs niveaux de difficulté sont disponibles — du mode “Story” plus tranquille au mode “Lethal” pour les puristes.
Infiltration, liberté
La furtivité joue un rôle plus prononcé que dans Tsushima. Je peux m’infiltrer, utiliser des gadgets de distraction, tirer l’ennemi avec l’arc, frapper silencieusement, ou escalader les surfaces pour prendre l’ennemi de flanc. Le terrain lui-même — falaises abruptes, forêts denses, ruelles de villages — devient une toile sur laquelle je trace mes plans.
L’idée : donner au joueur des choix. Par moment, je fonce au contact ; à d’autres, je me glisse, je me faufile, j’attends le bon moment. Et cela fonctionne bien : la tension monte quand je suis entourée, baisse quand je m’évade, et l’impression d’accomplissement quand je nettoie un camp adverse est toujours gratifiante.
Difficulté, progression, défi
Le jeu gère la difficulté avec un dosage subtil. Chaque affrontement doit être senti comme un défi — mais jamais frustrant au point de stopper la progression. L’équilibrage est progressif : les premières heures servent d’initiation, les combats intermédiaires ajoutent des ennemis plus agressifs, des patterns variés, des métiers défensifs, des confrontations multiples.
Les retours de joueurs confirment que, globalement, le “niveau standard” offre une bonne courbe : les premières missions sont accessibles, mais vers la moitié du jeu, les affrontements demandent de la précision, de la maîtrise des combos, un usage judicieux des outils secondaires. Metacritic donne un score montrant que Ghost of Yōtei “fonctionne bien dans ce qu’il propose : action, combat, variété” — en soulignant qu’il n’est pas révolutionnaire, mais solide.
Dans nos heures de jeu, rarement le gameplay nous a paru “cassé” ou débalancé. Jamais je n’ai ressenti un boss insurmontable, ni une zone mal calibrée. Le jeu ménage ses moments de stress et de répit — c’est un marathon, pas un sprint.
Conclusion du segment gameplay : Ghost of Yōtei réussit à trouver un équilibre rare — ni trop simple, ni trop punitif. Le joueur progresse, découvre, se sent poussé, mais jamais brimé. Le dosage entre mécanique, défi et gratification est habilement réglé.

Ce que Ghost of Yōtei apporte de neuf
Ghost of Yōtei ne se contente pas de recopier son prédécesseur ; il innove sur plusieurs fronts, notamment au niveau des armes, des outils, et de la personnalisation.
Armes et équipements
Voici les nouveautés principales :
- Katana: l’arme de base, affûtée, agile. Elle reste au cœur du système de combat. Le katana excelle dans les confrontations rapprochées.
- Lance: vous permet de rester a bon portée de vos adversaires, rapide et efficace contre les kusarigamas
- Double katana: efficace contre les lances mais engendre une perte de puissance.
- Odachi: permet d’avoir un avantage contre les ennemis massif
- Arc et flèches : pour éliminations silencieuses, optionalité à distance, ou affaiblir un adversaire avant le duel rapproché.
- Kusarigama : chaîne + faucille, une arme mixte à portée intermédiaire, utile pour piéger ou désarmer des ennemis. Mentionnée dans les previews.
- Arme à feu : une nouveauté majeure par rapport à Tsushima — Yōtei intègre des armes à feu (fusils ou pistolets d’époque) comme arme de soutien, mais pas de domination. L’équilibrage est délicat : elles doivent rester efficaces sans déséquilibrer le combat rapproché.
- Gadgets et outils de furtivité : fumigènes, bombes de distraction, pièges sonores, etc. Ces outils permettent d’orienter l’ennemi, d’ouvrir des brèches.
- Compagnon loup / capacité animale : des mécaniques autour du compagnon animal sont mentionnées dans les previews, qui apportent un soutien tactique (distrait l’ennemi, détecte des cibles, avertit).
- Personnalisation d’armes / upgrade : comme dans n’importe quel bon jeu moderne, on peut améliorer ses armes : accroître dégâts, vitesse, capacités spéciales, etc.
- Masque spectral et pouvoirs Onryō : ce masque n’est pas qu’esthétique : il s’inscrit dans la légende, donne une aura, et débloque des capacités spectrales dans certaines confrontations.
Chaque arme a ses contreparties : un katana est mobile mais faible contre des armures lourdes ; l’arme à feu est puissante mais limitée en munitions ; le kusarigama peut être capté par les parades ennemies, etc. Cet entrecroisement force à la polyvalence.
Nouveautés marquantes
- Le système non linéaire de la campagne : contrairement à un déroulé strict, on peut choisir l’ordre d’affrontement des Yōtei Six. Cela donne plus de liberté narrative et rend l’expérience plus personnelle.
- L’introduction modérée des armes à feu dans un jeu samurai est une rupture bienvenue — si maîtrisée, elle enrichit le gameplay sans devenir artificielle.
- Le compagnon loup, les fonctionnalités de soutien (scouting, alertes) ajoutent une dimension tactique qui n’était pas aussi présente dans Tsushima.
- Le jeu inclut des modes supplémentaires, personnalisations, et des variantes de style qui permettent au joueur de façonner son propre rythme de progression (par exemple, adaptation aux types d’ennemis, spécialisation dans certaines armes).
- Enfin, un mode multijoueur Legends est prévu gratuitement en 2026, avec des missions coopératives et du mode survie — une extension naturelle du mode coop de Tsushima.
Ces nouveautés ne sont pas seulement cosmétiques : elles modifient la façon de jouer, accroissent la rejouabilité, et apportent des alternatives dans l’approche tactique.

Ghost of Yōtei, technique & direction artistique : beauté, moteur, immersion
Dans Ghost of Yōtei, le soin apporté à l’esthétique et à la technique est remarquable. Voici une dissection professionnelle.
Direction artistique & identité visuelle
L’univers est inspiré des paysages de Hokkaidō : forêts enneigées, prairies balayées par le vent, monts escarpés, lacs gelés ou placides. Les couleurs oscillent entre gris bleuté, blancs froids, ocres vifs, verts profond. Le Mont Yōtei est un personnage lui-même, central à la composition visuelle et symbolique.
La lumière joue un rôle fondamental : le soleil filtrant sous les nuages, la lueur d’un feu de camp, les ombres projetées dans une vallée — tout est soigneusement modulé. Le jeu exploite le ray tracing pour bénéficier de réflexions, ombrages et global illumination de haut niveau.
Les textures sont fines : l’écorce des arbres craquelée, la neige accumulée sur les roches, les vêtements brodés, les gerbes d’herbe mouvantes — rien ne paraît figé. Le vent donne vie aux hautes herbes, aux drapeaux, aux rideaux, aux vêtements — un effet d’animation procédurale subtil mais puissant.
Le design des personnages est aussi soigné : le visage d’Atsu, marqué par les épreuves, avec des lignes et des détails expressifs, rend la performance vocale encore plus impactante. Les ennemis sont variés (armure lourde, samouraïs, archers, maraudeurs) et différenciés visuellement — on sait qui est quoi à première vue, ce qui aide en pleine mêlée.
Le soin apporté à l’interface utilisateur est discret : l’UI est minimaliste, non invasive, souvent intégrée dans l’environnement (par exemple, symboles discrets dans le décor ou via le masque). Ce choix aide à renforcer l’immersion.
Moteur, performances et aspects techniques
Ghost of Yōtei est conçu pour PS5 (et PS5 Pro), sans adaptation depuis la génération précédente.
Voici quelques caractéristiques techniques notables :
- Résolution et upscaling : sur PS5 Pro, le jeu utilise le PlayStation Spectral Super Resolution (PSSR), un upscaling AI qui améliore la netteté de l’image en 4K.
- Ray tracing avancé : réflexions réalistes, ombres précises, global illumination améliorée, pour donner de la profondeur aux scènes.
- Optimisation & stabilité : malgré la richesse visuelle, le jeu maintient un framerate stable (souvent 60 fps) — les ralentissements sont rares même dans les zones densément peuplées.
- LOD (level of detail) et streaming de monde ouvert : les zones lointaines se chargent progressivement sans pop-in visible, grâce à un streaming efficace et à un LOD bien calibré.
- Effets particulaires / post-processing : brouillard volumétrique, particules de neige ou de cendres, flares de lumière, bloom subtil, effets de poussière, effets de caméra réalistes (profondeur de champ, flou cinétique selon action).
- Audio 3D & spatialisation : la bande-son, l’ambiance sonore (vent, craquement de branches, pas dans la neige) est spatialisée. Le bruit de la lame, des flèches, des collisions — tout est positionné dans l’espace pour donner une immersion maximale.
- Vibration haptique & triggers adaptatifs : la DualSense est pleinement exploitée : on ressent la résistance du tir à l’arc, les vibrations du katana, le retour de la neige, etc.
Points forts
Les points forts techniques sont indéniables : cohérence visuelle, fluidité, richesse du monde, direction artistique inspirée, et une finition haut de gamme digne des plus grandes productions.
Dans l’ensemble, le bilan technique est excellent : Ghost of Yōtei est un jeu qui, dans sa catégorie, rivalise avec les meilleurs open worlds actuels, autant sur le plan visuel que sur l’optimisation.

Conclusion du test de Ghost of Yōtei sur PS5 Pro
Ghost of Yōtei est un succès — pas une prouesse révolutionnaire, mais une œuvre solide, cohérente, et émouvante. Il offre une aventure exigeante, mais jamais injuste ; un monde magnifique, mais jamais creux ; un personnage blessé, mais redoutable. Si tu aimes les jeux d’action-aventure bien calibrés, les récits de vengeance, les univers japonais immersifs, et les défis où chaque lame compte — Ghost of Yōtei est fait pour toi. Ghost of Yōtei est dospoible depuis le 2 Octobre sur Playstation 5/ Pro au prix de 79.99 euros.
Pros
- Narration immersive : raconter l’histoire à travers la voix d’Atsu apporte une proximité intime.
- Équilibre du gameplay : la difficulté est dosée avec soin, permettant des phases intenses et des répit bien mérités.
- Arsenal varié & innovations : l’ajout contrôlé des armes à feu, gadgets, compagnon loup, et la liberté de choix renforcent la rejouabilité.
- Technique & direction artistique : un niveau de finition élevé, des compositions visuelles inspirées, un monde vivant, et une immersion sans faille grâce à une technologie de pointe.
Cons
- Par moments, la répétition d’activités secondaires peut alourdir l’expérience.
- La structure non linéaire est ambitieuse, mais certains arcs narratifs secondaires manquent parfois d’originalité.
- Pour certains joueurs, l’introduction progressive des systèmes peut sembler lente.