[Test] The Precinct – Un bleu pour rétablir l’ordre

Y’a un fantasme que les jeux vidéo n’ont jamais vraiment réussi à tuer : celui de devenir flic. Pas le flic rangé qui remplit des rapports, hein. Non, le vrai flic de fiction : sirène hurlante, donuts à moitié croqués sur le tableau de bord, et sens de la justice un peu flou. Vous voyez, ce genre de mec qui, quand il sort son arme, le temps ralentit et les lunettes de soleil tombent du ciel ou encore comme Jake Peralta (qui est sans doute le parfait exemple) et sa bande de Brooklyn 99. Alors j’ai enfilé mon plus beau treillis pixelisé, j’ai démarré ma Crown Vic et je suis parti faire régner l’ordre dans Averno City. Ou du moins, essayer surtout vu mon niveau … Et attention à toi petit jeune, ici il y a plein de référence de vieux, alors accroche toi !

Le petit bleu de la police !

Vous êtes Nick Cordell Jr., petit nouveau au commissariat d’Averno City. Votre père, ancien flic, a été assassiné, probablement pour avoir trop bien rempli ses rapports. Vous reprenez le flambeau, bien décidé à faire régner l’ordre dans cette ville qui pue la corruption et les pneus brûlés.

Pas de grande fresque narrative ici : The Precinct se contente d’un prétexte pour vous balancer dans les rues crasseuses de la ville, entre patrouilles de routine, appels d’urgence et règlements de comptes improvisés. C’est basique, presque cliché, mais assumé. Comme un bon vieux épisode de New York Police Blues, qu’on aurait retrouvé dans le grenier de nos parents.

Et quelque part, c’est reposant. Pas de twist alambiqué, pas de dialogues à rallonge. Juste un flic, sa bagnole, et des criminels qui surgissent plus vite qu’un tag mal placé sur une ruelle.

Un gameplay à deux vitesses

Dès les premières minutes, The Precinct pose son gameplay comme une évidence : on patrouille dans la ville, on répond aux appels radio, on gère de petites infractions jusqu’aux braquages les plus musclés, et on tente vaguement de grimper dans la hiérarchie du commissariat. Le tout dans une vue top-down héritée des premiers GTA. Et franchement, au début, ça fonctionne. On se prend au jeu, gyrophares hurlants, poursuivant une voiture volée dans les ruelles serrées, ou courant après un voleur à la tire, taser en main. La variété apparente des situations donne envie de croire à un monde vivant, dense et immersif.

Mais voilà : passé l’effet de découverte, on ressent vite les défauts de The Precinct. Parlons de L’IA, tout d’abord. Elle oscille entre bêtise docile et agressivité aveugle. Les suspects fuient en ligne droite, les civils se jettent sous vos roues comme s’ils voulaient toucher l’assurance, ou encore comme Oliver Khan sauvant un but déja tout fait. En conduite, lors des interpellations, les conducteurs sont tellement bipolaires. D’un coup, les fugitifs vont se mettre à faire du Fast and Furious, puis devenir Sebastien Loeb enchainant des drifts digne d’un rallye ou encore être aussi nul que moi lorsque je conduis et se prendre tout ce qui bouge … ou pas. Je ne parle même pas de mes collègues policiers qui n’ont visiblement pas eu leur module « réflexion » à l’académie et sans comprendre te fonce dessus en pensant que c’est toi le fugitif.

Ensuite, les missions, bien qu’annoncées comme dynamiques, finissent par se répéter. D’un cambriolage à l’autre, on sent la génération procédurale prendre le pas sur la mise en scène. On arrête, on fouille, on menotte, on arrête et on met des contravention et puis on recommence. Idem pour l’avancement de l’histoire, il faudra durant notre patrouille trouvé un peu par hasard des preuves pour faire tombé les différents cartels de la ville.

Il va aussi falloir dompter le système de tir, et autant vous le dire tout de suite : ce n’est pas une mince affaire. Précipitez-vous, et c’est la rafale assurée en pleine tronche. Il faut apprendre à choisir le bon moment pour riposter, dégainer proprement et balancer vos bastos sans vous faire allumer dans la foulée. Et avec le petit pistolet de départ, autant dire que les fusillades ressemblent plus à un suicide lent qu’à une scène d’action héroïque. On hésite à sortir la tête de derrière d’un abri, tant les balles fusent. Heureusement, la santé remonte toute seule après quelques secondes planqué.

Parlons de la progression, qui reste classique en expérience. Toutes vos actions ont pour but de gagner ou perdre de l’expérience afin de monter les échelons de la police. Vous pourrez, « upgrader » votre personnage avec un arbre de compétence afin de devenir le Robocop d’Averno City. L’évolution du personnage, pourtant prometteuse (gadgets, armes, véhicules améliorables), reste trop superficielle pour renouveler réellement les situations.

De plus, même si Averno City a de la vie, on se retrouve avec pas grand chose à faire hormis notre job durant notre quart. Car, il n’y a pas vraiment d’objectifs secondaires, hormis des courses de rues, des contre-la-montre à remporter ou encore des sauts de cascadeur de film B à faire. Et comme tout jeu, un certain nombre d’artefacts à récupérer.

Ambiance flics et année 80′ : une direction artistique qui sauve les meubles

Mais si The Precinct n’est pas parfait sur ce gameplay, il se rattrape en partie sur l’ambiance. La vue du dessus, volontairement old school, évoque avec malice les premiers GTA, tout en offrant une lisibilité bienvenue dans les poursuites et interventions. La ville se pare de ses plus beaux atouts 80’s : enseignes fluo, immeubles en briques rouges, ruelles sombres et voitures à angles droits. Mention spéciale au cycle jour/nuit, plutôt bien géré, qui influe légèrement sur l’ambiance des patrouilles, même si ça reste cosmétique.

Côté son, c’est du bon boulot. Les effets sonores claquent comme il faut : sirènes, pneus qui crissent, coups de feu étouffés ou radios grésillantes… tout participe à cette sensation d’être dans une série policière vintage. La bande-son, elle, fait le choix du synthwave discret mais efficace. On aurait aimé des morceaux un peu plus marquants, ou carrément un partenariat avec un compositeur à la Carpenter Brut pour appuyer le délire, mais ce qui est là fait le job.

Le doublage est correct sans être mémorable, avec quelques intonations un peu plates côté policiers. J’aurais aimé un peu retrouver des phrases marquantes qui nous font vibrer dans les séries policières de cette époque. Mais ce qui est proposé fait le travail ! Attention tout de fois, le jeu n’est qu’en VOSTFR, je sais que beaucoup sont frileux de ça, mais rien ne gâche l’expérience, tout est en Français, hormis les voix !

Verdict : Police Academy ou Miami Vice ?

The Precinct est un jeu à concept, et ça se voit. L’idée d’un GTA-like inversé, où l’on joue les forces de l’ordre dans une ville stylée 80’s, était prometteuse, et sur certains points, elle tient. L’ambiance est là, le feeling des patrouilles fonctionne parfois à merveille, et on sent l’amour des développeurs pour cette esthétique oubliée. Mais c’est aussi un jeu inabouti. Pas bancal au point d’être mauvais, mais trop superficiel pour s’imposer. L’IA défaillante, la répétitivité des missions et le manque de consistance du monde ouvert brident l’expérience là où elle aurait pu briller.

Ce n’est pas un mauvais moment à passer, loin de là. C’est même un trip agréable pour qui cherche un jeu « à ambiance », à picorer par petites sessions, sans trop réfléchir. Mais si vous attendiez le retour du vrai GTA top-down, sauce série B avec badge et donuts… vous devrez encore patienter. Mais vraiment, pour une si petite équipe c’est tout de même un bon boulot, alors imaginons avec plus de moyen !

Une édition physique même sur Xbox !

Même si ma review est bouclée, je ne pouvais pas passer sous silence la version physique du jeu, disponible dès le lancement et distribuée par Microids. Un grand merci à eux d’ailleurs, puisque j’ai eu la chance de recevoir une édition physique du titre et sur XBOX en plus ! Ce qui devient assez rare pour être souligné. La version physique existe aussi sur PS5.

Pour faire rapide, deux éditions sont proposées. La première, classique mais efficace, contient simplement le CD et la boîte. Mais il existe aussi une édition Limited, qui inclut :

  • Le jeu complet
  • Un fourreau
  • Un steelbook
  • La bande originale numérique
  • Un poster de la carte de la ville avec les emplacements des objets à collectionner

Si vous le cœur vous en dit, voici le lien d’achat : https://www.microids.com/order-the-precinct/

Points positifs

  • Direction artistique et ambiance 80’s réussie
  • Concept original
  • Patrouilles prenantes

Points négatifs

  • Gameplay répétitif
  • Une progression un poil superficielle
  • Narration très basique
  • IA bancale

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